Depuis l’année scolaire 2018-2019 (dans le cadre du projet d’école axé sur le climat scolaire), le groupe scolaire Jean Roy-Malraux est école pilote pour travailler l’égalité filles-garçons et notamment dans la cour. Objectif : lutter contre les discriminations, prévenir le sexisme et le harcèlement, permettre à chacun.e de trouver sa place dans la cour, lieu où se construisent l’immense majorité des problèmes relationnels entre élèves.

Dans le cadre des travaux de la nouvelle école, l’équipe enseignante et périscolaire a travaillé avec Edith Maruéjouls, docteure en géographie et spécialiste de l’aménagement des cours d’école.

L’avancement du projet a été présenté régulièrement en conseil d’école au cours de ces deux dernières années.

Il y a donc bientôt deux ans, les élèves du lycée Rosa Parks ont imaginé et conceptualisé, avec Edith Maruéjouls, le projet de la cour, en concertation constante avec les équipes enseignante et périscolaire. Depuis, le COVID nous a contraint a revoir le calendrier des aménagements mais le projet persiste et nous comptons bien le mener à terme cette année ! Les lycéens étaient venus présenter leurs travaux aux élèves. Le concept qui avait été retenu était le suivant :

Les lycéens de Rosa Parks ne pouvant poursuivre la partie effective du projet, c’est Sonia Campos, de l’école d’art qui a accepté de mener à terme la mise en place des différentes peintures et espaces d’expression des élèves dans la cour. Durant l’été, la rivière a été peinte (côté maternelle et élémentaire). Les équipes enseignantes et périscolaires ont souhaité prendre un peu de temps pour mettre en place les autres espaces « figés » de la cour afin d’observer où se plaçaient les élèves mais surtout de discuter avec eux et elles. Ainsi, l’utilisation de la cour, ses règles, seront construites avec les délégué.e.s des élèves pendant les Conseils de Vie (réunissant deux enseignants, un membre de l’équipe périscolaire et les délégué.e.s de chaque classe).

La cour est bien « nue » en ce début d’année mais cela est tout à fait normal. Des aménagements seront faits pendant les vacances de la Toussaint, d’autres au mois de novembre, d’autres encore au printemps. Il est indispensable que la cour, ses règles, ses espaces et les interrogations qui vont avec (comment joue t-on avec tel ou tel jeu ? comment jouer ensemble et pas seulement les filles d’un côté, les garçons de l’autre ? comment partager l’espace ? que peut-on faire dans la cour ?) soient construits avec les élèves. C’est l’essence même de notre projet d’école depuis 3 ans : construire avec les élèves, les former à donner leur avis, à devenir citoyen.ne.s.

Voilà pourquoi vous ne verrez pas, dans la cour, des aménagements faits « tout de suite », voilà pourquoi tout n’était pas « terminé » à la rentrée. C’est un choix pédagogique assumé de la part de l’équipe enseignante et périscolaire, en lien avec la municipalité. La cour appartient aux élèves, c’est donc à eux et elles de la construire et à nous, adultes, de prendre le temps de les écouter.

Voici donc le calendrier de l’aménagement de la cour qui s’étalera au moins jusqu’au printemps :

• été 2020 : peinture de la rivière, réception de différents jeux

Il n’y a et il n’y aura pas de structures dans l’école. Là aussi, c’est un choix assumé, selon les conseils de la géographe avec qui nous avons travaillé. Au regard de la taille de notre cour (et pour l’avoir déjà vécue avec plusieurs structures avant notre départ pour l’IUFM), les structures créaient un phénomène d’appropriation de l’espace : les élèves ne jouent pas ensemble, ils / elles s’approprient un espace et décident de qui a le droit d’y accéder ou non. De plus, l’espace pris par les structures ne permettait pas de dégager un espace suffisant pour permettre aux enfants de pouvoir, tout simplement, courir.

Nous avons donc fait le choix de mettre différents jeux à disposition des élèves. Nous discuterons avec eux/elles pour déterminer ensemble les espaces dans lesquels on peut jouer à tel ou tel jeu. Tous les jeux ne seront pas sortis toute l’année, nous ferons « tourner » les malles, notamment en fonction de la météo pour certains espaces (comme l’espace « jeux de société »).

Quelques exemples de jeux mis à disposition des élèves : cordes à sauter, cerceaux, parcours (plots, marches) que les élèves utilisent pour aménager entre eux / elles de petits circuits « sportifs », kaplas, échasses, balances d’équilibre, ballons sauteurs

Le municipalité a également débloqué un budget pour nous permettre d’acquérir plusieurs jeux géants en bois : puissance 4 géant, lancer d’anneaux, jenga, birdy wall, etc…

Pour l’instant, nous sommes en phase d’observation, nous sensibilisons les élèves au rangement des jeux, au fait d’en prendre soin. Nous les laissons s’approprier le matériel.

• novembre 2020 : plantation de deux arbres dans la cour

Les végétaux ne peuvent pas être plantés en plein été, voilà pourquoi, pour l’instant, il n’y a aucune végétation dans la cour. Nous pouvons imaginer aussi, à terme, si les élèves le proposent, de mettre en place des jardinières avec des plantations qui seraient « gérées » par les élèves. En tout cas, les deux arbres seront plantés dans les espaces prévus (et qui ont été goudronnés pour l’instant, afin que les élèves ne se tordent pas la cheville en courant dans les trous, au-delà du fait très tentant de mettre les mains dans la terre)

Les espaces prévus sont les carrés où le goudron est plus foncé sur la photo.

• Fin 2020 : poursuite des peintures dans la cour

De petites traces d’animaux vont être réalisées par Sonia Campos. Deux objectifs : matérialiser un cheminement pour les élèves de maternelle pour se rendre à la cantine ; créer un petit jeu « d’enquête » via lequel il s’agira, pour les élèves, de déterminer de quel animal est issue telle ou telle trace (et donc favoriser l’observation, le fait « de se poser »)

Sous le préau, deux aménagements vont être réalisés : une grande vague en peinture ardoise sera mise en place. Les élèves auront des craies à leur disposition et pourront dessiner sur cette vague. Partie gauche du préau (côté accès au périscolaire), un grand panneau d’affichage en forme d’arbre / de buisson / de paysage forestier sera installé : les élèves voire une classe voire le périscolaire pourront investir cet espace partagé pour diverses réalisations artistiques. Régulièrement, nous pourrons (avec les élèves) choisir de laisser telle ou telle œuvre (et donc garder une trace, pendant quelques temps, des camarades, pourquoi pas de celles et ceux qui seraient parti.e.s au collège) ou de l’enlever pour repartir « à zéro ».

Les zones jaunes autour des arbres (réalisées en matériau résine souple) matérialiseront de petites plages sur lesquelles les élèves pourront se poser. Elles ne seront pas en place avant le printemps prochain a minima.

• des tables, des chaises, des livres, des jeux de société

Sous le préau, nous allons également aménager un espace avec des tables, des chaises (nous avons déjà installé deux grandes tables) : les élèves pourront s’y installer pour dessiner, lire, jouer à des jeux de société et pourquoi pas, à terme, écouter un peu de musique.

• du mobilier sur mesure créé spécialement pour notre école !

La municipalité a également débloqué un budget pour la construction d’un mobilier sur mesure pour notre école. Cela part d’une idée des lycéens de Rosa Parks : des bancs « légos » pouvant être manipulés et assemblés par les élèves. Ainsi les élèves pourraient bouger les bancs (voilà aussi pourquoi il n’y a aucun banc fixe dans la cour) pour être un jour à tel endroit de la cour, un jour à tel autre. Les élèves pourront joindre plusieurs bancs, mettre une petite table basse pour pouvoir discuter ensemble. Les élèves pourront prendre un banc pour se poser tranquillement, seul.e.s, si tel est leur envie. Les bancs pourront se mettre « dos à dos », on peut imaginer du mobilier sur lequel on peut s’allonger, etc…Malheureusement, la réalisation de ce mobilier n’a pas pu se faire par le lycée Rosa Parks.

La municipalité a donc décidé de lancer avec une jeune entreprise locale (Herogaxana) la fabrication d’un mobilier original de cours de récréation : des bancs, des tables et des « galets-assises ». Ces objets devront pouvoir être manipulés facilement et en toute sécurité par les enfants pour pouvoir concevoir leurs espaces de jeux et de discussion pendant les récréations.

Le groupe scolaire sera pilote pour la conception de ce mobilier ; nous réaliserons une phase de test de prototypes avant la mise en fabrication. Une fois le mobilier testé, la fabrication sera lancée pour l’école mais pourra également être proposée, par l’entreprise, à d’autres écoles.

Nous avons une réunion le 8 octobre avec la responsable de la municipalité en charge de ce dossier et avec Célia Ferrer (désigneuse sociale, qui travaille avec Edith Maruéjouls, géographe spécialiste des cours de récréation avec qui nous avons déjà travaillé) pour avancer sur ce dossier.

Bien sûr, une fois que le mobilier sera réalisé, nous entamerons une phase de discussion avec les élèves (où peut-on se mettre avec les bancs ? comment se mettre d’accord pour que l’espace où on court soit partagé ?) mais, encore une fois, nous souhaitons former les élèves à prendre des décisions, à se mettre d’accord, à discuter, à trouver des solutions ensemble.

Nous sommes tous et toutes très enthousiastes sur l’avancement de ce projet que nous portons collégialement depuis 3 ans. Nous avons espoir de construire, avec les élèves, une cour partagée dans laquelle on joue ensemble et non chacun.e de son côté (sauf si on a envie d’être tranquille et seul.e et cela sera possible).

Parfois, vous aurez sans doute l’impression, de même que vos enfants, que cela ne va pas assez vite mais notre ambition, en tant qu’enseignant.e est de favoriser l’intelligence collective et de responsabiliser nos élèves car, comme le dit un proverbe africain :

Seul on va plus vite, ensemble on va plus loin.

Bien cordialement,

La Directrice